Un orgue dans l'église Notre Dame de Grâce de Plouhinec ?

Avec son imposante nef de 30m de longueur, jusqu'à l'axe du transept, avec sa hauteur sous voûte de plus de 15 m, un positionnement en tribune en fond d'église semble aller de soi pour l'accueil d'un orgue.

Une église néo-gothique

Voici ce qu'a consigné dans son journal de route, François Luzel, collecteur de chansons populaires bretonnes, passant par Plouhinec en avril 1864 :

"Mon bâton à la main, mon cahier de notes sous le bras, me voilà en route pour aller, longeant la côte de Lorient, à Carnac, à Locmariaquer... Au milieu des landes, comme la prière du paysan breton qui s'élève vers le ciel, légère, ailée et sans obstacle, voici le clocher de Plouhinec, élégant et gracieux qui pointe à l'horizon, vrai clocher de granit montrant du doigt le ciel..."

Histoire de l'église de Plouhinec

1865-1873 : Le centre bourg est complètement modifié.

Le bourg de Plouhinec vers 1865 (Dessin Jo Le Floch)
Le bourg de Plouhinec vers 1865 (Dessin Jo Le Floch)

A l'origine, il y avait 3 édifices religieux pratiquement contigus, au bourg de Plouhinec.

 

Les 2 premiers, l'église paroissiale St-Pierre et St-Paul et la chapelle Notre Dame de Grâce se trouvaient dans l'enclos paroissial, entourés du cimetière.

 

 

En dehors de cet enclos, il y avait la Chapelle de St-Avit, qui se situait au Nord de l'église actuelle. Elle fut vendue, surélevée et transformée en maison d'habitation.

 

 

 

En 1846, le recteur, l'abbé Jean Pocreau, fit construire la tour actuelle. Le chantier durera 12 ans.

 

 

 

En 1863, à peine nommé à Plouhinec, l'abbé Jean Fauchat, recteur, demande au Conseil de Fabrique d'envisager la construction d'une église plus grande pour accueillir les fidèles.

 

En 1867, une souscription est lancée pour la construction de l'église.

 

En  juillet 1869, la décision est prise, le marché est signé pour un montant total de 160 000 F, le maitre d'œuvre est choisi : ce sera Théodore Maignant, architecte-entrepreneur  de St-Brieuc.

 

Le 1er septembre 1869, vont débuter les travaux.

 

4 ans plus tard, Mgr Bécel, évêque de vannes viendra bénir et inaugurer en grande pompe la nouvelle église : ce sera le dimanche 15 octobre 1873.

 

Quoiqu'inachevée, elle sera mise à disposition du culte à partir de cette date.

 

Bancs, boiseries, confessionnaux et chaire à prêcher seront installés plus tard.

Un homme à l'origine de la construction de l'église

Jean Fauchat est né à Le Palais (Belle-Ile) en 1816. Il arrive à Plouhinec en 1863 à l'âge de 47 ans. Il restera recteur de Plouhinec jusqu'à sa mort en 1889,  soit 26 années. Il est enterré à Plouhinec.

Ce recteur a réussi cette chose colossale qui est de construire une église aussi gigantesque à Plouhinec. Bien sûr, à l'époque, le système social était différent de celui d'aujourd'hui, avec les lois sociales, les salaires, les congés... Mais force est de lui reconnaître une force de persuasion hors du commun et une confiance inébranlable en la Providence pour mener à bien une telle œuvre.

Des agriculteurs, pour les charrois, ont mis à disposition du chantier de M Maignant, quotidiennement, pendant toute la durée des travaux, hommes, chevaux et charrettes.

D'autres ont ouvert leur portefeuille, alors que d'autres familles accueillaient et nourrissaient les ouvriers du chantier.

Y avait'il un orgue auparavant ?

Le 24 décembre 1878, 5 ans après la bénédiction de l'église, de petites orgues étaient installées dans l'édifice. Cet instrument venait des ateliers Debierre à Nantes. Hélas ! Il ne reste rien de la description de cet orgue. On parle parfois d'un harmonium-orgue.

Toujours est-il que cet orgue fut détruit pendant la guerre et fut remplacé par un puissant harmonium.

Tuyaux en l'état dans le grenier du presbytère
Tuyaux en l'état dans le grenier du presbytère

Dans le grenier du presbytère, les recteurs successifs n'ont jamais voulu jeter à la décharge publique les restes  de cet orgue.

Une centaine de tuyaux, en alliage zinc-plomb, couverts de poussière, attendent un devenir à leur triste sort : la déchetterie ou une réhabilitation même symbolique.

Tuyaux de trompette après un permier travail de restauration
Tuyaux de trompette après un permier travail de restauration