Pourquoi cette origine ?
Suite à la Loi d’interdiction d’enseigner faite aux Congrégations religieuses, en juillet 1904 et à celle de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat en décembre
1905, les Frères des Ecoles Chrétiennes de Bretagne se replient en quelque sorte sur les Iles Anglo-Normandes (Jersey et Guernesey) et l’Angleterre.
En 1907, l’établissement scolaire lui-même, le Likès, est mis en vente. Il fut acheté par un Comité d’Anciens Elèves.
Lorsque la situation aura évolué de manière plus favorable pour l’enseignement congréganiste, les Frères y reviendront en octobre 1919, mais le Commissaire de
Police veille, il ne peut être question de réhabiliter une Congrégation. Les Frères enseignent donc sous leurs identités laïques.
En 1931, la chapelle se voit dotée d’un magnifique grand orgue de vingt-deux jeux. Béni par Mgr Duparc, évêque de Quimper, il sera inauguré par M.Guillermic, organiste à St-Louis de Brest. Cet orgue provenait du temple Saint-Barnabé à Guernesey et fut acheté pour 130 livres sterling.
En 1935, un orgue de chœur de huit jeux bien timbrés viendra satisfaire les besoins de la chorale.
En 1955, un nouvel orgue est installé dans la physionomie qu'on connaît de lui jusqu'à son démontage en 2007. Le facteur d'orgues Raymond BOUVET de Nantes complète l'orgue de Guernesey arrivé en 1931 et dû au facteur d'orgues anglais John NICHOLSON de Worcester avec différents autres instruments anglais aujourd'hui non encore identifiés. L'orgue dispose alors de 40 jeux, de trois claviers manuels de 61 notes et d'un grand pédalier de 32 notes.
L'esthétique sonore recherchée par Raymond BOUVET est l'esthétique néo-classique, typique du renouveau de l'orgue au milieu du XXe siècle. Cette esthétique permet d'embrasser tout le répertoire pour orgue depuis Jean-Sébastien BACH jusqu'aux compositeurs actuels.
Le buffet est en chêne sculpté de motifs floraux et d'inspiration gothique.
Le 7 décembre 1955, veille de la grande Fête du Likès, c’est Gérald Pondaven, organiste de la cathédrale qui étrennera ce superbe instrument.
Plus tard, Michel Boëdec, improvisera à ses claviers et Olivier Struillou y fera ses débuts d'organiste. Des solistes reconnus, à l'instar de Jean-Jacques
Grunenwald, y donneront de mémorables concerts.
Jean-Jacques Grunenwald (1911-1982)
Organiste et compositeur, il était organiste titulaire de l'église St-Sulpice, à Paris.
On lui doit des compositions pour orgues, pour pianos et pour orchestres.
Il a aussi composé de nombreuses musiques de films.
Michel Magne (1930-1984)
Si Michel Magne a composé de nombreuses œuvres pour concert, il est surtout connu comme compositeur particulièrement prolifique de musique de films.
On lui doit par exemple la musique
-des Tontons flingueurs
-Fantômas se déchaine
-Angélique Marquise des Anges...
Gérard Pondaven (1912-1968)
C'était un amoureux de l'Orgue du Likès.
C'est lui qui a inauguré l'instrument lors de sa réfection en 1955.
Il a collaboré à la collection des disques Mouez Breiz.
Michel Boédec, né en 1957
Compositeur, titulaire de l'orgue de St Pierre de Montmartre (Paris 18ème) en charge du projet musical de la paroisse, organiste co-titulaire de l'abbatiale St Melaine de Rennes (maître de chapelle de 1999 à 2010), conservateur de l'orgue historique Claus de Vieux-Vy-sur-Couesnon (35), est aussi chef de chœur de l'Ensemble Vocal de Blossac à Rennes et de l'Ensemble Vocal de Cornouaille à Quimper (29).
Olivier Struillou, né en 1968
est organiste titulaire de la cathédrale de Quimper. Né dans le pays bigouden, Olivier Struillou commence l’orgue auprès de Pierre Bordron à Quimper. Ses études universitaires le mènent à Rennes-II et Paris-IV. Il obtient ses récompenses au Conservatoire National de Région de Nantes dans la classe de Pascale Mélis. Lauréat de plusieurs concours, il est nommé organiste titulaire de la cathédrale de Quimper en 2000, après 12 années de suppléance.
Voici ce qu'en dit Hervé Caill, facteur d'orgues, qui l'a démonté :
Il s’agit d’un grand orgue de l’école « néo-classique » qui permet l’interprétation du plus large répertoire allant des musiciens de la Renaissance à nos
contemporains.
Il se composait avant démontage de 3 claviers manuels de 61 notes et d’un grand pédalier de 32 notes.
Mis en valeur à de nombreuses occasions par des grands noms de la musique comme Gérard Pondaven ou Michel Magne, l’orgue de la chapelle du Likès mérite une véritable renaissance afin de devenir le témoin unique d‘une facture très typée et d’une esthétique musicale hors du commun.
Gd Orgue 61 notes : |
Positif 61 notes : |
Récit 61 notes |
Pédale 32 notes : |
Bourdon 16’ Montre 8’ Flûte 8’ Bourdon 8’ Prestant 4’ Doublette 2’ Plein jeu III rgs Chromorne 8’ |
Principal 8’ Dolce 8’ Prestant 4’ Flûte 4’ Nazard 2 2/3’ Flageolet 2’ Tierce 1 3/5’ Plein jeu IV rgs Trompette 8’ Clairon 4’ |
Gambe 8’ Flûte 8’ Cor de Nuit 8’ Céleste 8’ Dulciane 4’ Flûte 4’ Cymbale III Cornet III à C1 Bombarde acc 16’ Trompette 8’ Clairon 4’ Basson Hautbois 8’
|
Soubasse 32’ * Flûte 16’ Soubasse 16’ Principal 8’ Flûte 8’ Dolce 8’ Flûte 4’ Bombarde 16’ * Trompette 8’ * Clairon 4’ * |
Dans sa disposition actuelle, l’Orgue du Likès ne présente pas une cohérence structurelle intégrale, différents éléments prenant appui sur le mur arrière de la
chapelle et une partie de la charpente d’origine ayant été démontée.
Le buffet non porteur est limité à une façade légère et deux cotés simplement plaqués à la charpente.
Les tuyaux de façade, simples demi-rondins de bois peints « façon aluminium » laissent apparaître quelques traces des peintures anglaises d’origine.
La soufflerie, modifiée par Bouvet, est constituée d’un énorme soufflet à tables parallèles d’une facture étrangère à l’instrument d’origine.
Les grandes armoires électriques, installées par Bouvet, sont totalement obsolètes et pourraient être réduites à un petit boîtier électronique n’excédant pas la
taille d’une boite à lettre.
L’ensemble du câblage électrique est réalisé sans la moindre précaution de sécurité ni protection usuelle.
Les redresseurs électriques sont énormes et eux aussi hors normes, sans protection ni mise à la terre efficace.
Le ventilateur électrique est assez bruyant et régulé par une boite à clapets particulièrement sonore.
L’Orgue du Likes comprend un total de 2339 tuyaux dont 85% sont de facture anglaise du 19ème siècle.
Nous avons entre autres 449 tuyaux en bois qui servent à la Pédale mais aussi aux manuels avec notamment 4 jeux très originaux et uniques, aux sonorités suaves
typiquement anglaises.
Les tuyaux des principaux sont pour la plupart construits en plomb particulièrement épais ce qui leur donne une fondamentale très prononcée et beaucoup de
couleur.
Les anches présentent des particularités de taille et de courbure des languettes qui leurs donnent un éclat et une brillance très prononcés.
Etant donné la multitude de sonorités toutes différentes et qui se marient pourtant toutes entre elles, la palette sonore de l’orgue du Likes est comme la palette d’un peintre qui, par son imagination peut laisser ses doigts et ses pieds dessiner une fresque musicale sans fin.
En 2009, à l'initiative de Dominique Le Guichaoua et de Jakez Bernard, tous deux anciens du Likès, une anthologie de cet orgue a été "mastérisée" à partir d'anciens enregistrements.
Nous pouvons écouter un échantillon de ce CD, les droits étant protégés.
Il s'agit de Quatre pièces bretonnes, avec Gérard Pondaven à l'orgue